Le procès de l’affaire de trafic de passeports diplomatiques s’ouvre ce vendredi devant le tribunal militaire. Si l’audience est prévue devant cette juridiction d’exception, c’est parce que deux gendarmes sont parmi les mis en cause. Il s’agit de Mamadou Lamine Ba et de Assane Ndione. Le premier était en poste à la Présidence tandis que le second officiait au ministère des Affaires étrangères. Ils seront dans le box des accusés aux côtés de Limamoulaye Seck, Badara Sambou, Ibnou Samb et Aly Ndao. Tout ce beau monde est en ce moment sous mandat de dépôt. Voici le rôle de chacun dans le scandale.
Dans son édition de ce vendredi, Libération a révélé le PV (procès verbal) des déclarations devant les enquêteurs de la DIC des six mis en cause dans l’affaire de trafic de passeports diplomatiques entre la Présidence et le ministère des Affaires étrangères. Le document permet de situer le niveau d’implication de chacun et son rôle dans ce réseau de faussaires au mode opératoire huilé. Les deux gendarmes de la bande, Mamadou Lamine Ba et Assane Ndione, en sont les pivots. Le premier au niveau de la Présidence et le second au ministère des Affaires étrangères. Les autres étaient chargés, notamment, de démarcher les clients. Ils seront tous jugés ce vendredi devant le tribunal militaire.
Mamadou Lamine Ba
C’est son nom à l’état civil. Il est adjudant-chef de la gendarmerie. Il était en service à la Présidence au moment des faits. Depuis l’éclatement de l’affaire, c’est lui qui est désigné sous le nom Ousseynou Ba. D’après les témoignages de Limamoulaye Seck et Badara Sambou, il est le cerveau de la bande. Il indiquait la procédure à suivre et le ton des lettres de demande de passeport diplomatique aux clients du réseau. À charge pour lui de glisser les dossiers dans le parapheur présidentiel. Il a reçu plusieurs transferts d’argent via Orange Money et Wave sur deux numéros d’opérateurs différents.
Assane Ndione
Ce gendarme était en service au niveau du Bureau des passeports diplomatiques du ministère des Affaires étrangères. Après que Mamadou Lamine Ba de la Présidence a obtenu les autorisations présidentielles (à l’insu du chef de l’État) pour les demandes frauduleuses, il oriente les clients du réseau au ministère des Affaires étrangères. Sur place, Assane Ndione se charge de leur faire accomplir, à la vitesse de l’éclair, les formalités de dépôt permettant l’obtention du précieux sésame.
Limamoulaye Seck
Il a été arrêté en même temps que deux agents du ministère des Affaires étrangères, Badara Sambou et Ibnou Samb, et un opérateur économique nommé Aly Ndao. Il a confié aux enquêteurs que son rôle consistait à démarcher les clients pour l’obtention de passeports diplomatiques. Pour chaque dossier, il empochait une commission de 500 000 francs CFA. Il a révélé avoir intégré le réseau par le biais d’un certain A. K, qui serait établi en France et lui aurait permis de disposer lui-même d’un passeport diplomatique. Il a reconnu avoir permis à six personnes d’obtenir (indûment) des passeports diplomatiques. Il assure que les recettes étaient versées, après déduction de sa commission, à Mamadou Lamine Ba et un certain A. K, qui est basé en France.
Badara Sambou et Ibnou Samb
Comme Limamoulaye Seck, ils jouaient aux commerciaux pour le réseau. Ils se chargeaient eux aussi de démarcher des candidats pour l’obtention de précieux document. Ils étaient en service au ministère des Affaires étrangères. Badara Sambou aidait le gendarme Assane Ndione dans les procédures d’enrôlement des clients de la bande. Ibnou Samb a confié aux enquêteurs que c’est le premier qui l’a intégré dans le réseau. Tous les deux, ils ont pris en charge, notamment, les dossiers de l’ex-miss Sénégal Fabienne Féliho et du défenseur des Lions Kara Mbodji. Ces derniers leur ont versé deux millions et trois millions de francs CFA pour obtenir des passeports diplomatiques.
Aly Ndao
Il est présenté comme un opérateur économique. Il démarchait lui aussi des clients pour le réseau. Il a permis à une certaine Mariétou Ba d’obtenir un passeport diplomatique moyennant 4 millions de francs CFA. Un montant qu’il déclare avoir versé à Limamoulaye Seck après avoir prélevé sa commission de 500 000 francs CFA.
A. K et Fofana
Leurs noms sont apparus dans les déclarations des mis en cause, mais ils n’ont pas encore été arrêtés, encore moins entendus. Avec Mamadou Lamine Ba, A. K serait l’un des cerveaux du réseau. Limamoulaye Seck le désigne comme étant celui qui l’a fait intégrer la bande. Il serait l’auteur de la fausse lettre de Alassane Diop, directeur général de Dubaï Port World, sollicitant auprès du chef de l’État un passeport diplomatique pour sa femme qui devait rallier la France pour des soins. La femme en question, qui n’est pas l’épouse de Diop, se nomme Mariétou Ba. Elle obtiendra un passeport diplomatique moyennant 4 millions de francs CFA. Fofana, lui, a été cité une fois par Ibnou Samb. Ce dernier affirme qu’il est un membre actif du réseau. Sans plus de précision.