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Levée de boucliers contre l’amnistie : MACKY DÉCHIRE SON PROJET

Il n’y aura pas de loi d’amnistie des crimes liés aux manifestations de mars 2021 jusqu’à février 2024. Les sorties de Alioune Tine et Pierre Goudiaby Atepa, entre autres pressions, ont eu une conséquence négative sur la perception de la situation par la majorité des soutiens du chef de l’Etat. Le projet de loi, qui devait être présenté hier en Conseil des ministres, a été rangé aux oubliettes. Le président de la République Macky Sall a été obligé de laisser tomber. 

«Sonko va être libéré dans les prochains jours.» Si Alioune Tine d’Afrikajom avait basé ses propos sur le projet de loi d’amnistie qui devait être présenté hier en Conseil des ministres avant d’atterrir à l’Assemblée nationale, il devrait revenir sur ses propos. Le projet est mort-né ! En effet, les réactions en public comme en privé, des membres de la majorité, ont eu raison de la volonté du président de la République. Macky Sall a été contraint d’abandonner l’idée. Le chef de la Coalition Benno bokk yaakaar a été convaincu par les membres de son camp, de «l’erreur» qu’il allait commettre.

Il faut rappeler, comme Le Quotidien l’avait dit auparavant, que le projet était passé le mercredi de la semaine dernière en Conseil des ministres. Mais plusieurs membres du gouvernement ne l’ont pas approuvé, et y ont même opposé un niet ferme. Le chef de l’Etat s’est accordé une semaine de réflexion, avec la secrète volonté de pouvoir surmonter les réticences de son camp. Mais la publication de l’information par Le Quotidien du lundi 12 février dernier, ainsi que la bronca qu’elle a soulevée à travers le pays, a achevé de montrer à Macky Sall la difficile haie qu’il allait devoir franchir en persistant dans son projet.
Des collaborateurs parmi les plus proches lui ont fait connaître leur nette opposition à l’idée d’amnistier certains crimes. Et au cas où il se serait obstiné, des ministres s’étaient même faits à l’idée de mettre leur démission en balance pour lui faire changer d’avis. Ayant subodoré tout cela, le Président Macky Sall n’a même pas évoqué le projet en Conseil des ministres d’hier.

Il semble aussi que les dernières sorties de Pierre Goudiaby Atepa et Alioune Tine, annonçant respectivement la volonté de concertation des deux parties et la sortie de prison de Ousmane Sonko, n’ont pas été du goût de certains membres de Benno bokk yaakaar. Qui n’ont pas compris que l’on puisse «sacrifier ceux qui ont été au front contre Ousmane Sonko, en plus de conforter les défenseurs de la thèse des détenus politiques». Moustapha Diakhaté fait partie de ceux qui étaient les plus virulents contre le projet. Il est monté au créneau pour le faire savoir. «Si le Président Macky continue, je vais m’y opposer farouchement», avait il déclaré.

On peut imaginer que ce revirement ne va certainement pas plaire aux «Patriotes». Eux qui, sans l’avouer publiquement, voyaient d’un bon œil la sortie prochaine de Ousmane Sonko. En effet, avec cette tension provoquée par le report de la Présidentielle, avoir Ousmane Sonko libre de ses mouvements aurait eu pour eux un avantage considérable. Le maire de Zi­guinchor va devoir trouver d’au­tres moyens pour sortir de prison, à défaut de purger sa peine.
L’abandon de ce projet de loi d’amnistie aura forcément des conséquences sur le dialogue souhaité par Macky Sall. En effet, alors qu’officiellement les «Patriotes» sont contre l’idée, comment les convaincre de rejoindre la table des concertations sans certaines concessions ? C’est l’équation que devra résoudre son instigateur. Et ceux qui espéraient s’ouvrir les portes du Palais à l’occasion de cette nouvelle tension, devront continuer à chercher d’autres os à ronger.

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