Pape Alé Niang est envoyé en prison. Il a été inculpé hier, pour les délits de divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, de recel de documents administratifs et militaires. L’autre infraction qu’on lui colle, c’est la diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques.
Par Aliou DIALLO – Pape Alé Niang a passé la nuit d’hier à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Le journaliste a été écroué pour les délits présumés de divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, de recel de documents administratifs et militaires. Mais il a été aussi inculpé par le juge du 2ème Cabinet, Mamadou Seck, de diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. En plaçant le journaliste sous mandat de dépôt, le magistrat-instructeur a suivi le réquisitoire du procureur de la République. «Pape Alé Niang, serein et droit dans ses bottes, vient d’être inculpé des chefs de divulgation d’informations non rendues publiques par l’autorité compétente de nature à nuire à la Défense nationale, recel de documents administratifs et militaires, diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques. (Articles 64, 370, 430 et 255 du Code pénal). Ayant visé en renfort l’article 139 du Code de procédure pénale pour requérir du juge qu’il décerne le mandat de dépôt, le premier substitut du procureur ne laisse guère le choix au juge Mamadou Seck», détaille Cheikh Koureyssi Ba.
La défense engage déjà la bataille pour la libération de leur client, qui passera d’abord par son audition dans le fond du dossier puisqu’il a été envoyé en instruction. Pour travailler ensuite à obtenir un non-lieu, comme elle l’a soutenu après que Pape Alé Niang a été écroué. «Nous estimons que les faits qui lui sont reprochés sont mal fondés, ne sont pas du tout avérés. Cela est incontestable. Il a été arrêté, poursuivi sur de prétendues diffusions de messages radio de la police et des sapeurs-pompiers, alors que ces messages sont dans l’espace public avant que Pape Alé Niang n’en parle», a soutenu Me Moussa Sarr, coordonnateur du Collectif des avocats de PAN sur la Rfm.
«A partir de ce moment-là, on ne peut pas lui reprocher d’utiliser des messages qui sont sur les réseaux sociaux pour en tirer les conséquences, faire son travail d’investigation journalistique pour éclairer l’opinion publique. Il faut que l’Etat du Sénégal prenne ses responsabilités et arrête cette violation de la liberté de la presse. Sans liberté de presse, il n’y a pas de démocratie. Il faudrait qu’il prenne conscience de cela. Il faut qu’on arrête d’instrumentaliser la Justice pour régler des comptes», crache Me Moussa Sarr. La prison, dit-il, n’est pas une réponse à des problèmes politiques, encore moins à des problèmes démocratiques. Il est d’avis que la place du journaliste n’est pas en prison. Pour le Secrétaire général du Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication (Synpics), «les organisations de défense des droits des journalistes ont failli dans la prévention, dans la réaction». Bamba Kassé estime qu’«il est temps qu’on se remobilise et qu’on essaie de voir comment enlever cette tache sur la peau de la démocratie sénégalaise».
Arrêté dimanche dernier, le directeur du site Dakar-matin a fait l’objet de deux retours de Parquet, il a été envoyé en prison par le juge d’instruction du 8ème Cabinet.