En Afrique de l’Ouest généralement et au Sénégal en particulier, le processus d’autonomisation économique des femmes rencontre bon nombre d’obstacles même si des progrès sont en train d’être notés. Toutefois, le Consortium pour la Recherche Économique et Social, (CRES) a jugé nécessaire de réunir les acteurs afin de faire le point sur les avancées notées mais aussi d’ouvrir des perspectives. Un colloque va ainsi être tenu les 26 et 27 octobre à Dakar. Il réunira, à la fois, les universitaires, les associations féministes, les autorités politiques, les femmes elles-mêmes pour un partage d’expérience et les bailleurs. En prélude à ce colloque, un atelier de formation a été organisé ce jeudi 13 octobre. Les professionnels de l’information ont pu être sensibilisés aux questions touchant à l’autonomisation économique des femmes en vue de mieux restituer les discussions des travaux du forum et de sensibiliser les décideurs.
L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie a, récemment, publié un rapport faisant état de la répartition du temps de travail domestique entre les hommes et les femmes. Il s’agit notamment de la dimension liée aux travaux non-rémunérés. Selon les chiffres de l’ANSD, au Sénégal, les femmes passent plus de 4h aux travaux non rémunérés. Ces chiffres connaissent une hausse dans les zones rurales par contre. Les études montrent, par exemple, que dans le nord, les femmes passent entre huit et dix heures aux travaux non rémunérés. Dans ces travaux figurent ceux domestiques et les travaux de soins. Les hommes ne consacrent que 30 minutes à ces travaux selon toujours l’ANSD. Sur le plan social et culturel, ces travaux sont dévolus « naturellement » aux femmes. Ces enquêtes révèlent alors que « la charge de travail domestique des femmes est élevée comparé à celle des hommes », constate le docteur Fatou Cissé, chercheur au Consortium pour la Recherche et l’Économie sociale (CRES).
Ces évidences affectent directement l’autonomisation économique de la femme. « Cette charge de travail constitue une contrainte pour les femmes pour aller travailler, gagner des ressources et donc assurer leur autonomisation économique » explique Fatou Cissé. En effet, ce temps accordé au travail non rémunéré réduit de manière considérable la formation préalable à l’exercice d’un travail rémunéré par une diminution de l’éducation ou du développement des compétences, limité la participation à la main-d’œuvre, réduit la rémunération salariale en raison de l’acceptation d’emploi de moindre qualité. Le temps consacré aux travaux non rémunérés handicape aussi la progression dans la carrière rémunérée mais réduit le pouvoir des femmes en limitant leur représentation et leur pouvoir de décision.
Pour pallier ce problème, le CRES, en partenariat avec d’autres organisations a mis en place un forum regroupant l’ensemble des acteurs. Un cadre de débat va aussi être organisé à l’occasion du colloque international sur l’autonomisation économique des femmes en Afrique de l’Ouest. Cette rencontre se tiendra les 26 et 27 octobre à Dakar.
Foyers améliorés
En attendant, durant l’atelier réservé aux journalistes, des pistes de solutions ont été dégagées. Si dans les pays occidentaux, des efforts considérables ont été notés, les choses traînent encore au Sahel à quelques exceptions près. « Il y’a des solutions qui sont en perspective comme le développement des services de garde des enfants pourvu qu’ils soient de proximité, abordables et donc accessibles aux femmes. Les foyers améliorés peuvent aussi être une solution pour les femmes pour réduire le temps qu’elles prennent pour cuisiner en utilisant par exemple du feu de bois » a indiqué Docteur Cissé.
En réalité, les soins non-rémunérés sont négligés dans les politiques économiques. L’enjeu est énorme. Les femmes s’investissent grandement dans le fonctionnement des ménages notamment sur le plan économique. Toutefois, elles se retrouvent confrontées aux hostilités des hommes notamment dans le domaine de l’entrepreneuriat. Les femmes peinent encore à accéder au crédit à cause d’un défaut de garantie. Alors que la plupart de leurs gains sont reversés aux foyers. La sensibilisation des hommes en ce sens est alors un début de solution. Par ailleurs, un plaidoyer sera porté à l’endroit des décideurs pour un plus grand accès des femmes au foncier.
En fin de compte, l’ensemble de ces problématiques autour de l’autonomisation économique de la femme seront abordés lors du colloque. Ces questions seront réparties en six axes que sont : Travail non rémunéré, normes sociales, entreprenariat féminin, finance inclusive, éducation/ formation, informalité de l’emploi, infrastructures, énergies renouvelables, économie verte et enfin autonomisation économique des femmes en situation de crise.