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Sonko, l’opposant numéro un de Diomaye

Depuis la présidentielle de mars 2024 ayant consacré un plébiscite du projet de Pastef, la nouvelle opposition semble avoir pris un véritable coup de massue. C’est peut-être même un peu généreux de parler d’opposition, puisqu’il n’en existe presque pas à ce jour. Il y a juste deux à trois individus au sein de l’Apr, sinon il n’y a rien. Et c’est ce qui fait d’ailleurs que ce sont plutôt quelques journalistes qui font figure d’opposants. 

En effet, à la place des responsables de partis, on voit plus Madiambal Diagne, Yoro Dia et Mamoudou Ibra Kane occuper la ligne de front. Par leur plume (le plateau aussi pour Madiambal), ils sont plus visibles que n’importe quel ténor de l’opposition. Peut-être aussi que les politiques voulaient leur accorder un état de grâce, ce qui est peu probable. 
Cependant, Ousmane Sonko est en train de construire petit à petit l’opposition de Diomaye. De part ses sorties répétées, il va non seulement réveiller l’opposition classique, mais il risque de créer une autre opposition, à défaut de grossir les rangs de la première. Sonko est parti pour être l’élément catalyseur d’une force d’opposition.
Depuis la prise du pouvoir par Pastef, il y a deux mois, les Sénégalais attendent toujours les premières réalisations. Certains sont dans le doute et l’expectative, alors que d’autres se montrent sceptiques. Mais il y a au moins une constance : l’attente.
Malheureusement, au lieu de se consacrer pleinement à cette attente, Ousmane Sonko a trop vite investi le terrain politicien. Apparemment, il ne réalise pas encore qu’il n’est plus l’opposant qui avait besoin de haranguer les foules. Abdou Latif Coulibaly avait dit de Wade qu’il était ‘’Un opposant au pouvoir’’. Ousmane Sonko est assurément un Premier ministre-opposant. Il a besoin d’investir le terrain politique, il lui faut des bains de foules et de longs directs sur les réseaux sociaux.
Sinon, comment comprendre autant de sorties en un temps record ? Quel est l’urgence d’avoir une conférence avec Jean Luc Mélenchon, alors que le gouvernement n’a pas encore trouvé la formule pour réduire les prix des denrées de premières nécessités ? Quelle est l’utilité de ce show au grand théâtre, dimanche 9 juin, à deux semaines de la tabaski, de l’hivernage et des examens ? Qu’est-ce que Juan Branco peut apporter au Sénégal à l’heure actuelle ? Les priorités sont assurément ailleurs et Sonko doit faire attention pour ne pas jeter l’embarras chez ses partisans.
A écouter son discours, on sent qu’il n’a pas digéré tout ce qu’il a vécu en tant qu’opposant. D’où cette haine contre la justice, les médias, bref, tout ce qui à ses yeux, incarne la machine infernale qui a été activée contre lui. Et c’est là qu’il risque de faire fausse route. D’abord, il n’est pas le président de la République, même si certains en doutent. 
Justice n’est pas vengeance 
Ensuite, quand bien même, il était le président, l’Etat ne saurait se réduire à sa personne. Ousmane Sonko doit comprendre que Pastef n’a pas été plébiscité pour qu’il puisse se venger. C’est sur la base d’un espoir de transformation systémique que son candidat Diomaye a été élu.
Certes, il ne manque pas de vérité dans son discours. Sur les médias par exemple, la liberté va de pair avec la responsabilité. Les patrons de presse doivent payer les impôts, comme le dit l’un d’eux, El hadji Ndiaye. Ousmane Sonko a la légitimité de le rappeler en tant que Premier ministre. Mais il n’avait besoin ni de cette tribune partisane, encore moins d’autant de rage dans la manière de le dire. On sent nettement qu’il y a là un règlement de compte entre lui et les patrons de presse, en particulier Madiambal Diagne qui n’a jamais caché le peu d’estime qu’il a pour Sonko.
La grandeur d’un homme, c’est de savoir pardonner, même lorsque le tort est flagrant. Ici, Sonko doit particulièrement éviter de réparer un tort qu’il estime avoir subi par un autre. La reddition des comptes et l’application rigoureuse et impartiale de la justice n’a rien à voir avec la vengeance. Cette reddition des comptes demande plus d’actes que de parole ; elle s’accommode d’ailleurs de peu de discours. 
Dans tous les cas, toute cette jeunesse qui tombe en transe face à ses envolées restera son juge impitoyable. Face à cette jeunesse, Sonko ne sera jugé ni sur sa capacité de faire des diatribes contre la justice, la presse ou les forces de l’ordre, ni par son adversité face à l’opposition mais bien sur sa capacité à répondre de façon concrète aux préoccupations des Sénégalais.

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