L’islamologue-conférencier Tariq Ramadan avait été acquitté en première instance en mai 2023. Il doit à nouveau faire face aux juges à Genève, dans une audience d’appel que l’on espère plus apaisée que la première.
Le déroulé de la comparution de Tariq Ramadan en son pays natal, en mai 2023, avait consterné les observateurs français comme suisses, « le Temps » titrant même son éditorial, signé Fati Mansour, « le procés de Tariq Ramadan méritait mieux », estimant que « la justice genevoise [avait] donné une image déplorable ». En effet, le chroniqueur judiciaire de ce procès médiatique ne pouvait qu’être d’abord surpris, puis atterré, par la tonalité « pré-#Meetoo » des débats, une juge-assesseure allant jusqu’à interroger la plaignante sur le fait qu’elle n’aurait pas immédiatement pris une douche après le « viol » et la « contrainte sexuelle » – ces faits présumés pour lesquels elle a porté plainte et qui se seraient déroulés dans la nuit du 28 octobre 2008. La magistrate se croyait-elle dans un téléfilm à visée pédagogique sur le sujet du viol ?
La façon de constamment rabrouer la victime présumée, »Brigitte », et de laisser l’ancien prédicateur, lui, tenir salon, voire aller jusqu’à invectiver des journalistes présents dans la salle, sans jamais le ramener au strict examen des faits, avait grandement décrédibilisé le tribunal, dont le président avait manifesté une constante fébrilité. Tariq Ramadan était sorti victorieux de tout ce procé, puisqu’il a été acquitté, alors que quatre dossiers l’attendent toujours en France à ce jour. Il ne s’est alors pas privé de réaffirmer sur les plateaux qu’il s’agissait là de la démonstration de son « innocence », qu’il a toujours clamée. Gageons que la cour, en appel, saura cette fois retrouver la sérénité et l’impartialité nécessaire à la manifestation de la vérité, du moins d’une vérité judiciaire plus apaisée.